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Le blog de Franchou

14 mars 2004

Peggy, ma douce

J'écris cette après-midi parce que le temps pendant les congés n'est plus une bataille à gagner mais un ami à cajoler. Ne dirait-on pas que je cours après le temps ? Moi, à la retraite ? Mousti (ma complice, mon amie, ma chatte) dort sur le bureau et la "petite" Peggy "tétine" dans sa fourrure, je l'entends d'ici. Si je me retourne, je la verrai, les joues gonflées, les yeux fermés de plaisir, suçotant sa mère (qui n'a plus de lait) tout en pianotant de ses pattes sur son ventre. Cette petite chatte, je l'adore : elle apporte la gaieté dans la maison, elle apporte la vie. Que de fous-rires à la regarder grandir, à la voir découvrir tout ce qui l'entourait, s'essayer à des gestes nouveaux, tenter dix fois, vingt fois avec rage et obstination de grimper, d'attraper, d'ouvrir... Elle miaulait, coléreuse comme un enfant capricieux qui trépigne jusqu'à ce qu'elle réussisse ou bien ....que je l'aide. Un jour, elle a "inventé" le freinage, avec un demi-tour sur place ; je me souvenais à la voir d'un petit garçon qui me disait un jour : " Regarde-moi comment je sais freiner" et qui s'élançait à toute allure devant moi, pilait net des deux jambes et dans la même seconde se retrouvait prêt à repartir dans le sens inverse ; fièrement, il lançait : "Tu as vu ? si je sais faire ! " C'était le même goût de la vie, le même étonnement chez cette petite chose noire, toute luisante, qui s'étirait de plaisir au soleil, qui mangeait aussi goulûment sa pâtée que son lait ou mon fromage ou mon avocat !! oui, oui !! ou de longs spaghettis à la sauce tomate, ou tout ce qui passait à portée de ses petites pattes et de ses dents blanches mais aigües et avides. Un vrai régal de la voir, de constater ses progrès, qui sont allés très vite, trop vite, si vite! Hier, encore, je la portais dans mes bras pour monter à la chambre, aujourd'hui, elle saute par la fenêtre et grimpe sur le buffet. Hier, encore, je marchais lentement pour être à son rythme, aujourd'hui, je suis incapable de la suivre quand elle dévale l'escalier, saute d'un bond les quatre dernières marches et atterrit sur une chaise avant moi. D'ailleurs, sa mère elle-même est dépassée, blasée, découragée ; elle qui faisait s'enfuir des chats effrayés par sa détermination et ses griffes, laisse Peggy de glace quand elle lui jette un "fttt" à la tête. Elle agace sa mère quand elle s'attaque férocement à sa queue, elle lui fait mal et Mousti réagit vivement en grondant et en la maintenant au sol. Mais Peggy n'a peur de rien, elle bondit au cou de sa mère ou à ses oreilles, ses dents mordillent, ses griffes se plantent, c'est le privilège de la jeunesse d'être sans pitié aucune. Mousti parfois, gémit, la petite arrête le temps de savoir d'où vient ce bruit. C'en est désespérant : les "coups de gueule" des anciens ne font même plus trembler les jeunes d'aujourd'hui !!! J'adore la voir étendue sur la table, la tête penchée au-dessus de Mousti, essayant de lui accrocher la queue, alors que Mousti miaule rageusement d'un cri assez effrayant pour faire fuir les mâles...mais pas Peggy !!! J'adore la regarder trottiner, aux côtés de Mousti qui avance à pas comptés, et hop ! son impatience la fait bondir par-dessus sa mère et foncer jusqu'au fond du jardin d'où elle revient comme un éclair pour s'engouffrer dans le couloir. J'ai passé l'été à regarder grandir Peggy, j'ai continué en automne et en hiver, l'été est revenu ensommeiller mes jours et Peggy charme toujours mes loisirs. A présent, elle a trois ans, je lui ai donné la mauvaise habitude d'être toujours présente, de réagir à ses appels, de la câliner à longueur de journée, de lui parler, d'ouvrir et de fermer la porte ou la fenêtre à son gré. Elle, m'accorde ses faveurs quand elle veut bien. Je me suis attachée à cette toute petite boule de poils, dédaigneuse parfois de ma main qui veut la caresse, câline à d'autres moments, espiègle, joueuse, bondissante, intrépide, peluche noire si douce. Le soir, quand je travaille à l'ordinateur, chacune de nous prend sa place, moi, devant le clavier, Mousti et maintenant Peggy, sur la cheminée, allongée sur le couvercle d'un carton bleu. Elle y dort des heures, tant que je travaille, parfois jusqu'au matin, jusqu'à ce que le jour me fasse émerger de ma fascination à l'écran. Alors, elle s'étire, baîlle (sa petite langue est si rose ), vient aiguiser ses griffes sur un carton puis bondit, lègère, silencieuse et va voir dans le jardin si le soleil est levé, si les chiens du voisin sont bien éveillés. Elle va pouvoir les faire enrager, elle les regarde tranquille, en les narguant impunément, eux aboyant et bondissant de l'autre côté du grillage qui la protège, elle le sait bien. Sa nuit est finie, elle va humer dans son écuelle, croquer un peu, laper son lait. Puis elle sort tandis que je vais me coucher, fatiguée. Cependant, au moment où le sommeil vient, je sens une petite chose qui saute sur le lit : c'est Peggy qui se love dans mes jambes, creuse son trou et se rendort avec moi. Regarder grandir cette petite boule de poils puis la voir apprendre la vie, c'est beau et bon au cœur. Je voudrais que la vie lui soit douce, qu'elle ne rencontre jamais la cruauté humaine, qu'elle croit toujours que les humains sont là pour remplir les écuelles de pâtée ou de bon lait. Bonne route, ma Peggy.
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